Du jeudi 22 janvier au samedi 21 février 2026
Depuis des années, Roland Juvyns parcourt le monde et photographie ses villes, révélant leurs décors de pierre, de verre ou d’acier, d’aujourd’hui ou d’hier. Ses images de villes fragmentées, ses ciels tourmentés, ses escaliers énigmatiques et ses lieux de vie transpercés de lumière sont autant de coups de sabre donnés dans l’obscurité par une lumière rédemptrice tout en beauté et mystère. Un travail que définit avec à-propos la phrase "Seule la lumière peut chasser l’obscurité", inspirée d’une citation de Martin Luther-King, et qu’il nous présente ci-après avec son style direct. Ou en une seule prise, pour reprendre un terme du jargon photographique...
Né et vivant à Bruxelles, Roland Juvyns se décrit comme un parfait inconnu, un "ket" d’Anderlecht. Dès ses dix ans, il a éprouvé un vif intérêt pour la photographie avec, comme outil de départ, un Kodak Instamatic. Après des études de photographie au Sint-Lukas Instituut, il a eu un déclic en découvrant le travail de Jeanloup Sieff lors d’une de ses expositions. Depuis, il fait des photos pour lui avec son Leica, au gré de ses voyages et de ses pérégrinations bruxelloises. Même si son activité principale reste la préparation de fossiles, ces organismes minéralisés datant de millions d’années. "Ce travail, qui demande précision et minutie pour leur donner une forme de beauté, fait écho à celui de mes prises de vue", entame Roland.
Sortir de l’obscurité
"Je pense avoir un "style", quel photographe n’en n’a pas ? La lumière est mon moteur. Et donc ma raison de photographier. Quand mon oeil attrape une lumière ou, pour être plus précis, un jeu de lumières, intéressant, la photo me vient immédiatement et très précisément à l’esprit. Peu importe le sujet, finalement. Qu’il s’agisse d’un détail d’architecture, de la vie urbaine, de silhouettes furtives, j’en fais la prise de vue qui sera la bonne. Une seule prise suffit généralement, pas besoin d’en faire plus. C’est peut-être précisément cette manière de photographier qui fait ma marque de fabrique. Pour résumer la genèse de cet expositions, je vais être franc. Je dois l’idée de faire une exposition avec un choix de mes photos à un ami graphiste, à qui je les avais montrées et qui, vraiment, m’a poussé, voire même bousculé, à tenter cette aventure. En quelque sorte, il m’a forcé à sortir de mon obscurité. Et je l’en remercie."
Mieux saisir l’âme
"La photographie en noir et blanc, c’est vraiment mon ADN. J’ai toujours préféré les photos d’artistes qui travaillent en noir et blanc, comme Richard Avedon, Bill Brandt, Edward Weston, Édouard Boubat et quelques autres. Je pense que le noir et blanc permet de mieux saisir "l’âme" du sujet photographié pour mieux focaliser toute son émotion et son mystère en sublimant la beauté de la lumière. Et, par-là, ancrer son intensité dans la mémoire et l’imaginaire de celui ou celle qui regarde la photographie."
Des photos qui se suffisent à elles-mêmes
"J’ai généralement pour habitude d’accompagner mes tirages d’une courte légende. Mais pour cette exposition, j’ai préféré laisser parler les images. Pas besoin de mots, l’émotion ressentie doit suffire… Tous ceux qui plongeront dans "Seule la lumière peut chasser l’obscurité…" y découvriront les atmosphères de réalisme magique qu’elles recèlent. Hubert Lampo, Edgar Allan Poe pour certains, Carol Reed, Franz Kafka pour d’autres…, peu importe. Mais je pense qu’elles les accompagneront longtemps comme une petite musique. Certains les associeront parfois aussi à une incitation à réfléchir à la face sombre du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Mais moi, je suis photographe, c’est-à-dire un homme qui pense plus en termes d’images qu’en termes de mots. Rien à voir avec le monde tel qu’il est aujourd’hui. Comme j’aime le rappeler, je travaille à l’émotion et à l’intuition. L’image qui se construit dans ma tête est en noir et blanc, même s’il m’arrive de glisser de la couleur dans certains de mes clichés."
Une lumière positive pleine d’espoir
Le titre de l'exposition "Seule la lumière peut chasser l’obscurité", tout d’abord légende d’une de mes photographies, est inspirée par la citation de Martin Luther-King "L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine; seul l’amour le peut".
Cette phrase, "Seule la lumière peut chasser l’obscurité", habite chacune de mes photographies où la lumière se fait guide, traçant des chemins dans l’obscurité.
Et, effectivement, comme réflexion à la face sombre du monde évoquée ci-avant, cette phase, forte et extraordinairement lucide, apporte un éclairage positif parce plein d’espoir: "On n’a jamais eu autant besoin de la lumière", pour reprendre un commentaire vu sur les réseaux sociaux.